« L’Amour sous algorithme » : comment Tinder manipule des rencontres
Analyse du QI, notation et suggestion des profils.
Dans une enquete edifiante, Judith Duportail devoile les travers de l’algorithme de Tinder.
Elle ne croit pas a la coincidence. Quelques temps avant la sortie de son enquete sur Tinder, Judith Duportail a appris que l’application de rencontres a toutes les 800 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel mettait fin a l’utilisation de l’Elo Score, la mysterieuse note de desirabilite a laquelle les utilisateurs etaient soumis et que la societe a toujours gardee secrete. « Elo n’est plus d’actualite chez Tinder », a explique la firme americaine dans un communique publie sur le site le 15 mars. « Le probleme avec ce post de blog, c’est qu’on reste oblige de nos croire sur parole », note Judith Duportail. Comment fonctionnait cette note ? « Q uand la profil est montre a quelqu’un, vous etes matche contre un quidam d’autre. Si la personne contre vous a une cote haute et vous like, vous gagnez des points. Si cette dernii?re a une cote basse et vous ignore. vous en perdez », resume-t-elle.
Attablee dans un cafe parisien, la journaliste independante de 32 ans publie L’Amour sous algorithme (Editions Goutte d’Or, 2018). Un livre qui oscille entre le temoignage intime d’une jeune celibataire qui multiplie les rendez-vous via Tinder et l’enquete de la journaliste qui cherche a en savoir plus sur le mysterieux fonctionnement de l’application. L’article parseme d’analyses sociologiques ou techniques sur les applications de rencontres. Selon une porte-parole de Match Group (la maison tante de Tinder), votre enquete propose « une interpretation fallacieuse des brevets, du systeme de matching et de l’application du brevet a la plateforme Tinder ». « J’ai commence a m’y interesser quand j’ai decouvert qu’on avait l’ensemble de votre Elo Score. Ca a fera un echo a votre mauvais souvenir du college lorsqu’un garcon avait attribue une note a chacune des filles de notre bande. Moi, j’avais eu 5/10. Du coup, quand j’ai compris que mon telephone est occupe a me noter, je me suis reclame comment ca se passait. »
En 2017, la journaliste avait deja reussi a obtenir ses 800 pages de donnees personnelles conservees par Tinder pour etudier le profil, en vertu d’une loi europeenne sur la protection des informations. Heures et lieux de connexion, contenu des conversations, compte Facebook, limites d’age appliquees aux recherches, lieu d’embauche, niveau d’education, photos Instagram, tout y etait. En revanche, impossible de connaitre le Elo Score.
« au maximum votre client ; au pire un produit »
Depuis son lancement en 2012, Tinder s’est forge une solide reputation. En six annees, l’application fondee via Sean Rad et propriete d’la societe Match Group (qui detient aussi Meetic, Okcupid ou bien Match.com) a acquis environ 60 millions d’utilisateurs au monde.
Au-dela de le succes economique, la societe s’est toujours vantee de defendre l’egalite entre nos sexes. Mais au cours de son enquete, Judith Duportail s’est rendu compte que les technologies utilisees Afin de favoriser les « matchs » (validation mutuelle entre deux profils permettant d’engager une discussion) etaient « en totale contradiction au milieu des valeurs qu’ils pronent au quotidien ». Elle a mis mon tour sur un brevet de 27 pages depose par deux des cofondateurs de Tinder, intitule « US 2018/0150205A1 », ainsi, en libre acces via Google Patent. On peut notamment y lire, exemple a l’appui, que « le serveur est en mesure de etre configure Afin de ponderer differemment les differences et des similarites demographiques, suivant le sexe de l’utilisateur ». Selon Judith Duportail, « ce brevet dessine un algorithme qui se laisse l’occasion de favoriser la mise en relation d’hommes plus ages avec des femmes jeunes, moins riches et moins diplomees ».
Le raisonnement de la societe n’est gui?re innocent. Dans le livre Dataclysm (ed. en anglais chez Harper Collins Libri), Christian Rudder explique, donnees a l’appui, que, contrairement a toutes les femmes, des hommes s’interessent exclusivement a toutes les jeunes femmes entre 21 et 24 annees. « Des qu’elle reste en age legal de boire de l’alcool, une fille est deja trop vieille », ironise l’auteur. L’appli Tinder se focaliserait-elle sur l’experience des utilisateurs https://besthookupwebsites.org/fr/ebonyflirt-review/ masculins ? Ce seront eux des plus nombreux dans l’application. Aux Etats-Unis, pres de deux utilisateurs sur trois seraient des hommes. « C’est cet immense pool d’hommes frustres qui payent concernant avoir acci?s a ces jeunes femmes avec lesquelles ils n’arrivent jamais a discuter dans les lieux publics. » Et ca roule, l’application est devenue la plus rentable de l’Apple Store devant Netflix ou Candy Crush. Cela fait penser a Judith Duportail qu’« on reste au mieux votre client ; au pire 1 service ».